Dans le récit pascal, rien ne me touche le cœur autant que la déception de Jésus, trahi par ses plus proches amis. D’abord, les disciples ont dormi au lieu de veiller dans le jardin de Gethsémané. Puis Judas, que Jésus aimait, l’a vendu aux soldats romains. Et enfin Pierre et d’autres l’ont abandonné à des heures difficiles et de solitude et de souffrance sur la croix, sans leur soutien. J’ai trouvé que, dans le spectre de difficultés humaines, ce sont surtout les actes de trahison qui sont particulièrement durs à dépasser. Bien que ce soit insignifiant à la lumière de ce que Jésus a souffert, j’ai mis pas mal d’années à me débarrasser de la sensation d’oppression dans la poitrine à chaque fois que je pensais à ce que j’ai ressenti en découvrant que mon amoureux de jeunesse me trompait avec une de mes meilleures amies. Trouver le moyen de dépasser la douleur de la trahison implique souvent le pardon. Et le pardon exige parfois que l’on abandonne des sentiers bien battus de la pensée, et que l’on fasse le choix de voir les autres dans une lumière meilleure. C’était certainement le cas en ce qui me concernait. En fait, quelques années plus tard, c’est l’histoire de Jésus qui m’a aidée à ressusciter mon cœur de la tombe obscure de la trahison. Une année, la Leçon biblique que j’étudiais avant Pâques focalisait abondamment sur la trahison de Judas et sur le fait que Jésus s’était tourné vers Dieu pour pardonner. « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font, » étaient les paroles de guérison que Jésus a prononcées sur la croix pour tous ceux qui le persécutaient. Il semblait si naturel, dans le combat contre le péché et la douleur, qu’un homme si semblable à Dieu prenne comme première ligne d’attaque, le pardon que Dieu accorde aux autres. Le pardon faisait partie de sa nature, une expression sainte du Christ. Pour lui, c’était la chose la plus naturelle. Mais en lisant l’histoire, je me sentais submergée, noyée de colère en raison de ce que Judas avait fait. Comment avait-t-il pu abuser de la sorte de l’amour de Jésus ? Comment pouvais-je jamais pardonner à Judas ? La colère a réactivé toutes sortes de sentiments déplaisants de trahison de la confiance, de l’innocence et de l‘amour. Durant cette semaine-là avant Pâques, mes pensées envahies de colère non encore guérie se sont assombries de plus en plus. Je comprenais que le vrai message de Pâques ne devait pas être confiné à la souffrance de la crucifixion, mais qu’il impliquait la résurrection d’une vie renouvelée et l’ascension au-dessus des effets du péché, de la tristesse, de la douleur, et de la mort. J’avais très envie d’honorer Jésus par ma propre résurrection de la colère jusqu’au pardon. Alors j’ai prié pour avoir une modification du cœur. J’ai prié pour savoir comment aimer Judas et lui pardonner. Mes prières m’ont ramenée à la Bible. Le Livre des Lamentations couvre une période de douleur, colère et tristesse aiguës et intenses suivant la chute de Jérusalem. Le choc initial du grand événement s’estompe et finit par devenir la peine chronique de la captivité. A mon avis la réaction du peuple juif après le renversement de leur monde peut s’apparenter aux émotions consécutives à une trahison. Jérémie a écrit, « Ma force est perdue, Je n’ai plus d’espérance en l’Eternel! Quand je pense à ma détresse et à ma misère, l’absinthe et au poison ; Quand mon âme s’en souvient, Elle est abattue au-dedans de moi. » (Lamentations 3 :18-20). Cependant, tout en mettant à nu cet état mental angoissé, le prophète offre en même temps un rayon d’espoir. Il illumine un chemin pour sortir de la souffrance perpétuelle, en continuant, « Voici ce que je veux repasser en mon cœur, ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées, Ses compassions ne sont pas à leur terme ; Elles se renouvellent chaque matin. Oh ! que ta fidélité est grande !...Elevons nos cœurs et nos mains Vers Dieu qui est au ciel. » (ibid. 3 : 21-23, 41) « Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées ». J’ai réalisé que je n’avais pas à aimer Judas le traître. C’est-à-dire, je n’avais pas à rester dans le cadre de référence de Judas en tant que traître. Mais je pouvais aimer le Judas qui n’était pas consumé de trahison et de haine—le Judas que les bontés de Dieu connaissait et aimaient et renouvelaient chaque matin. Je pouvais échanger mon sens de Judas le traître contre celui du Judas ressuscité de l’envie, de la haine, de la cupidité, du remords, de la culpabilité, de la destruction de soi, jusqu’à la repentance et le progrès, le tout par le pardon, la grâce, et les bontés toujours renouvelées, et qui renouvellent, du Christ, la Vérité. Je pouvais aimer le Judas qui avait progressé sous les bontés renouvelables de l’Amour divin, qui matin après matin, déverse le pardon et l’amour sur Ses enfants. J’ai pensé, « Mais à l’heure qu’il est, le vrai Judas s’est probablement élevé sous l’influence et le pouvoir guérisseur de toute cette compassion et miséricorde et amour. Il ne s’identifie plus au mal qui prétendait le posséder. Est-ce que, moi, des siècles plus tard, je vais continuer à l’identifier à son pire comportement, du jour où il s’est trompé le plus ? Ce n’est pas ce que Jésus a fait. « Père, pardonne-leur » incluait Judas, aussi. Il me semble que la méthode de Jésus, à l’opposé de la réponse humaine et mortelle devant la trahison, a produit le même effet que le mélange du chlore et de l’ammoniac dans une pièce fermée. Elle a privé le mal d’air, l’étouffant littéralement. J’ai senti une brise fraîche, spirituelle qui traversait mes pensées, nettoyant les vieux souvenirs qui s’accrochaient à moi comme autant de feuilles mortes, pendues sur les arbres jusqu’à ce que les vents de mars les en détachent. J’ai pensé à mes amis. Il m’est venu à l’esprit que si mon amoureux avait su qui il était comme l’enfant bon de Dieu—tel que moi je le savais ; si mon amie avait compris combien je l’aimais—la valeur que j’accordais à notre amitié ; ils auraient à tout le moins eu à cœur de parler avec moi directement d’abord, avant de poursuivre leur relation. J’ai ressenti de la compassion pour eux. Ils n’avaient pas su qui ils étaient. Ils ne savaient pas ce qu’ils avaient fait. Voilà tout ce qu’il me fallait pour pardonner le pire et laisser partir la douleur de la trahison. Je ne prétends pas pouvoir même commencer à sonder les profondeurs de la trahison, et les grandes hauteurs de l’Amour divin dont Jésus a fait l’expérience. Mais je sais de manière certaine que chaque partie de son histoire nous enseigne quelque chose d’essentiel de la capacité et de la résilience merveilleuses que nous possédons, en tant qu’enfants de Dieu, de pardonner et de croître en amour. Mary Baker Eddy a écrit, « Le christianisme n’est pas superflu. On voit son pouvoir rédempteur dans les cruelles épreuves, l’abnégation de soi et les crucifiements de la chair. Mais tout cela vient au secours des mortels pour les mettre en garde et pour les établir fermement en Christ. A mesure que nous nous élevons au-dessus de ce qui paraît être les brumes des sens, nous voyons plus clairement que tout l’hommage du cœur revient à Dieu. L’humanité a surtout besoin de plus d’amour. Une affection pure, concentrique, faisant abstraction du moi, qui pardonne les injustices et les prévient, devrait faire vibrer la lyre de l’amour humain. » (Ecrits Divers, p. 107) Ceci a fait bouger ta pensée ? Alors partage-le, s’il te plaît !
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2 Commentaires
monique
18/11/2012 15:32:39
''J’ai ressenti de la compassion pour eux. Ils n’avaient pas su qui ils étaient. Ils ne savaient pas ce qu’ils avaient fait. Voilà tout ce qu’il me fallait pour pardonner le pire et laisser partir la douleur de la trahison.'' Vous venez , par ces mots, de m'aider à comprendre et à pardonner le mauvais comportement de certaines personnes dans ma vie ... sans parler de MES mauvais comportements passés et même encore présents. Même si aujourd'hui je sais enfin qui je suis vraiment, il m'arrive encore si souvent de l'oublier et de mal penser, de mal parler aux autres, et de mal agir... Ces mots que vous avez écrits, m'aident aussi à me pardonner. Merci infiniment de votre merveilleux travail !!! Je vous adore!
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Michelle Nanouche
18/11/2012 17:00:58
Quel beau témoignage. Merci, Monique!
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