« Qu''un autre haïsse, moi je veux aimer. Je veux augmenter mon crédit en faveur du bien, mon être véritable. Cela seul me donne les forces de Dieu grâce auxquelles je puis surmonter toute erreur. » (Ecrits Divers, 1883-1896, 104) Ces paroles immortelles de Mary Baker Eddy ont résonné dans ma pensée dimanche dernier, pendant que j’écoutais une histoire très forte que racontait Ulrike Prinz, CS, de Hambourg , Allemagne, au cours de sa conférence intitulée « Une réponse en Science Chrétienne face à la Haine et à la Violence. » J’été très émue par ce que j’entendais, et je suis reconnaissante d’avoir pu trouver la source de l’histoire sur l’internet. Pour ceux qui lisent l’anglais, vous trouverez à la fin de ce billet, les liens au livre et à des informations biographiques concernant les co-auteurs. Ce qui suit est une traduction libre d’un extrait du livre « Return from Tomorrow » dont il était question dans la conférence. « A la fin de la guerre en Europe en mai, 1945, la 123ème Unité dEvacuation est entrée en Allemagne avec les troupes doccupation. Je faisais partie dun groupe dirigé vers un camp de concentration près de Wuppertal ; nous avions pour mission de fournir de laide médical aux prisonniers fraîchement libérés, dont beaucoup étaient des Juifs originaires des Pays-Bas, de France, et dEurope de lEst. Cétait lexpérience la plus déchirante que javais jamais vécue. Javais souvent été témoin de morts soudaines, de blessures, mais voir les effets de la lente privation de nourriture, traverser ces baraquements où des milliers dhommes étaient morts petit à petit au fil des mois, des années, était une horreur inconnue. Pour beaucoup, cétait un processus irréversible : nous en avons perdu des douzaines chaque jour en dépit de tous les médicaments et la nourriture que nous nous dépêchions de leur fournir. « Or, javais réellement besoin dune nouvelle perception. Quand la laideur devenait trop lourde à supporter, jai fait ce que javais appris à faire. Je suis allé dun bout à lautre de cet enclos fermé par des fils barbelés, en regardant le visage des hommes jusquà ce que je voie le visage du Christ qui me rendait mon regard. « Et cest ainsi que jai connu Wild Bill Cody. Ce nétait pas son vrai nom. Son vrai nom était sept syllabes imprononçables en polonais, mais il avait de longues moustaches pendantes en forme de guidon de vélo tout comme le héros du Western, et alors les soldats américains lappelaient Wild Bill. Il était détenu dans le camp, mais à lévidence il était là depuis peu : il se tenait droit, son il était clair, son énergie infatigable. Puisquil parlait couramment anglais, français, allemand, russe et polonais, il est devenu une sorte de traducteur improvisé pour le camp. « Nous le consultions pour toutes sortes de problèmes ; la paperasserie seule était redoutable quand il s’agissait de trouver où renvoyer les détenus dont parfois les familles voire des villages entiers pouvaient avoir été rayés de la carte. Mais tout en travaillant quinze ou seize heures par jour, Wild Bill ne montrait jamais aucun signe de lassitude. Tandis que nous autres étions recrus de fatigue, lui semblait gagner en force. « Nous avons bien le temps pour ce garçon, » disait-il. « Il attend pour nous voir depuis ce matin. » Sa compassion pour ses co-détenus rayonnait sur son visage, et c’était vers ce rayonnement que je me tournais quand mon cœur était las. « Alors, naturellement, quand les documents de Wild Bill nous sont arrivés un jour, je fus étonné d’apprendre qu’il était à Wuppertal depuis 1939 ! Depuis six ans il vivait avec le même régime de famine, dormait dans les même baraquements sans air et infestés de maladies que les autres, mais sans la moindre détérioration physique ou mentale. « Ce qui était peut-être encore plus sidérant, tous les groupes du camp le considéraient comme leur ami. C’était lui qu’on appelait pour arbitrer les conflits entre détenus. C’était seulement après quelques semaines à Wuppertal que j’ai réalisé à quel point c’était chose rare en un tel lieu de détention où les nationalités de prisonniers se détestaient les unes les autres presqu’autant que les Allemands. Quant aux Allemands, l’'antagonisme à leur égard était si fort que dans certains des premiers camps libérés , des prisonniers avaient saisi des armes, s’étaient rués au village le plus proche, et avaient tué les premiers Allemands qu’ils voyaient. Une partie de notre mission consistait à empêcher de telles exactions, et là encore Wild Bill était notre plus grand atout. Il raisonnait avec les différents groupes, conseillant de pardonner. « Il n’est pas facile pour certains de pardonner », lui ai-je dit un jour autour d’un thé. « Il y en a tant qui ont perdu des membres de leur famille » Wild Bill s’est carré dans sa chaise et a siroté son thé. « On habitait une section juif à Varsovie. » Il a commencé lentement ; c’étaient les premières paroles que je l’entendais prononcer à son propre sujet. « Ma femme, nos deux filles, et nos trois petit garçons. Quand les Allemands ont atteint notre petite rue, ils ont aligné tout le monde contre un mur et ont ouvert le feu avec des mitrailleuses. Jai supplié de pouvoir mourir avec ma famille, mais parce que je parlais allemand ils mont affecté à un groupe de travail. » « Il a fait une pause, peut-être quil revoyait sa femme et ses enfants. Jai dû décider, là tout de suite, continua-t-il, si je devais me permettre de haïr les soldats qui avaient fait ça. Cétait une décision facile, en réalité. Jétais avocat. Dans ma pratique javais vu trop souvent ce que la haine pouvait faire aux esprits et aux corps. Cétait la haine qui venait dassassiner les six personnes qui métaient les plus chères au monde. Jai décidé à ce moment-là que jallais passer le reste de ma vie, que ce soit quelques jours ou beaucoup dannées, à aimer chaque personne avec laquelle je viendrais en contact. » (Extrait du livre « Return from Tomorrow » par George Ritchie avec Elizabeth Sherrill, Fleming H. Revel, une division de Baker Book House, Grand Rapids, Michigan, pgs. 113-116) Merci Ulrike Prinz, davoir mis en lumière cette histoire por vos auditeurs à Paris.
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